Efficacité de la méthode McKenzie ? — diagnostic et thérapie mécanique — appliquée au traitement de la lombalgie : revue de littérature avec méta-analyse
La lombalgie constitue un problème de santé publique majeur, aux implications psycho-sociaux importantes, notamment pour les tranches les plus âgées de la population.
De nombreuses recommandations pour le traitement de cette pathologie existent, fondées pour la plupart sur la classification élaborée à partir d’essais cliniques. Néanmoins, cette approche est aujourd’hui remise en question, en raison de la faible qualité méthodologique des essais concernés.
À cet égard, la méthode McKenzie (MDT) repose sur un système de classification qui est considéré fiable, que ce soit en termes de traitement ou de d’évaluation. Cependant, les preuves de son efficacité continuent d’être contestées.
Dans cette approche, les patients sont classés dans un des 4 groupes en fonction de la réponse aux mouvements proposés (dérangement, dysfonction, postural et autres) et le traitement appliqué dépend ainsi du groupe dans lequel le patient est situé.
De loin le plus fréquent, le syndrome de dérangement est caractérisé par une modification nette de la symptomatologie et une préférence directionnelle. On retrouve également un phénomène de centralisation, qui est de bon pronostic.
La dernière méta-analyse sur cette méthode conclut qu’il n’existe que des preuves limitées pour son utilisation. Depuis des essais contrôlés randomisés ont été publiés et la discrimination entre aigu et chronique n’est pas prise en compte, alors que le seuil de 12 semaines permet dans la littérature de distinguer le patient aigu du patient chronique.
Le but de cette analyse est de comparer l’efficacité de cette technique réalisée par un thérapeute qualifié sur la douleur et les invalidités des patients aux autres techniques de prise en charge possibles. La méthodologie utilisée est décrite. Ne sont retenues que 12 études. Une dichotomie entre les patients aigus et chroniques est réalisée.
Les résultats obtenus ne permettent pas de retrouver une supériorité de la MDT dans la lombalgie aiguë, malgré une baisse significative de l’intensité de la douleur, mais pas sur les incapacités.
Sur la lombalgie chronique, la MDT est plus efficace pour réduire la douleur et les incapacités, comparée aux autres techniques de rééducation, mais n’est pas plus efficace que la thérapie manuelle, les exercices ou l’éducation.
Positionnement
Cet article ne se fonde que sur un nombre faible d’études, obligeant les auteurs à réviser le poids des dites études. Ainsi, faut-il se détacher sur les conclusions, nécessairement en lien avec le choix des études opéré, ainsi que l’analyse effectuée.
Peuvent être tirés de cette méta-analyse deux principes, systématiquement appliqués par l’ensemble de l’équipe ITMP :
– Doivent être séléctionnées des études pour des données à un instant T sur une population déterminée, ne pouvant faire l’objet d’aucune extrapolation.
– Doit être conservé un sens clinique, alors que l’EBP ne peut être uniquement fondée sur la preuve, mais doit tenir compte de l’expérience du praticien et du vécu du patient, ce qui est régulièrement oublié par de nombreux praticiens.
Article original
Efficacité de la méthode McKenzie— diagnostic et thérapie mécanique — appliquée au traitement de la lombalgie : revue de littérature avec méta-analyse ?
Effectiveness of the McKenzie Method (Mechanical Diagnosis and Therapy) for treating Low Back Pain: Literature review with Meta-analysis
Olivier T LAM, David M Strenger, Matthew Chan-Fee, Paul Thuong Pham, Richard A Preuss, Shawn M Robbins. J Orthop Sports Phys Ther. 2018 Mar 30:1-53. doi: 10.2519/jospt.2018.7562.
Pour la pratique
Selon l’étude, la méthode McKenzie ne présente pas de supériorité dans le traitement des lombalgies.
Aucune conclusion ne peut être tirée de l’analyse des études, en raison de leur grande hétérogénéité.