Afin d’évaluer les atteintes rachidiennes des patients, le corpus médical préconise en première intention la radiographie sagittale de la colonne vertébrale et du pelvis. Sont alors évalués des paramètres anatomiques identifiés et considérés comme fiables, tels l’incidence pelvienne, la version pelvienne, la lordose lombaire et la pente sacrée.
Pour la réalisation de ces radiographies, une position fixe est imposée aux patients. Cependant, force est de constater que la pratique courante, on retrouve de nombreuses variations de ces positions conduisant à des interprétations approximatives des angles.
Ainsi, l’incidence de la position des membres supérieurs pendant cette radiographie a été étudiée et il semble que la consigne donnée de poser les poings sur les clavicules réduisent considérablement les variations de la position rachidienne de chez certains patients.
A l’heure actuelle, la variabilité de ces paramètres n’avait pas été étudiée pour la station debout répétée. Cette étude s’intéresse donc à ce paramètre en comparant près de 353 sujets asymptomatique et 83 patients lombalgiques. Les mesures sont réalisées par un système non invasif, Epionics Spine.
Les résultats montrent une grande variabilité inter-sujet dans l’orientation du sacrum et la lordose lombaire. On retrouve une orientation du sacrum plus petite chez les lombalgique, mais pas de différence sur la lordose lombaire entre les 2 groupes.
Au final les auteurs affirment qu’il est difficile pour un patient de retrouver successivement la même position, ce qui entraine nécessairement des variations dans les mesures effectuées, et qu’il existe une grande variabilité dans les positions du sacrum et de la lordose. Cependant, le genre et le sexe n’ont aucune influence sur la variation de la position debout.
Par ailleurs, les patients lombalgiques n’ont pas montré plus de variation en position debout, ce qui conduit à penser que la variation de la position debout ne reflète pas un modèle de comportement prévisible. De plus, les résultats ne montrent pas de variation de la flexibilité de la colonne en fonction du temps, ce qui est en désaccord avec les mesures antérieures.
Bien qu’une limite de l’étude soit le recours à un capteur en lieu et place de la radiographie, même si la corrélation est importante, les auteurs considèrent que la recherche de protocoles pour permettre de reproduire les positions est à étudier.
En conclusion, la position debout est très variable et peu reproductible ; on ne retrouve pas d’influence de l’âge, du genre ou de la présence d’une pathologie ; les mesures qui en résultent peuvent fortement varier d’un examen à un autre.
Positionnement
Cet article met en lumière la variabilité de la statique du patient, paramètre à intégrer lors de notre examen clinique. Dans notre démarche, l’étude de la position debout spontanée peut donner des indications, mais il sera le plus pertinent de s’intéresser à la façon dont le patient utilise ses segments et la mobilité disponible au sein des articulations.
Article original
How do we stand?
Variations during repeated standing phases of asymptomatic subjects and low back pain patients
Hendrik Schmidt, Maxim Bashkuev, Jeronimo Weerts, Friedmar Graichen, Joern Altenscheidt, Christoph Maier, Sandra Reitmaier.; Journal of Biomechanics (2017), doi: http://dx.doi.org/10.1016/j.jbiomech.2017.06.016
Pour la pratique
L’examen morphostatique n’est pas reproductible et ne peut, par conséquent, être considéré comme fiable. En revanche, c’est une donnée d’entrée qui peut être complétée par l’examen palpatoire et la mobilisation.