Kinesio-tape vs trigger points ; efficacité dans les dysfonctionnements des muscles masticateurs ?
Le syndrome myofascial est une problématique fréquemment rencontrée par de nombreux professionnels, notamment les dentistes, les médecins et les kinésithérapeutes, et dont la prévalence est estimée à près de 12% dans la population adulte et à plus de 50% chez les personnes âgées. Le patient caractéristique est une femme, âgée généralement entre 20 et 40 ans, qui présente dans 15 % des cas des céphalées, dont l’intensité varie en fonction des activités et des troubles associés (stress, bruxisme, etc.).
Les dysfonctions de l’ATM sont caractérisées cliniquement par une usure prématurée des dents, des acouphènes et une augmentation du tonus musculaire.
De façon liminaire, avant de s’intéresser à l’éventuelle présence d’une atteinte myofasciale, il convient d’exclure des pathologies plus graves par un diagnostic différentiel adapté. Ce n’est que dans un second temps que doit être élaborée une prise en charge thérapeutique appropriée. Cependant, la multiplicité des traitements préconisés met toutefois en exergue l’absence de véritable consensus autour d’un traitement efficace et fiable de ce syndrome. Il est admis que certains médicaments réduisent temporairement la douleur et l’utilisation d’orthèse permet de contrer certaines difficultés. Il ne faut cependant pas oublier la kinésithérapie peut s’avérer très utile dans la prise en charge de ces patients.
A ce titre, les patients dont les dysfonctions temporo-madibulaires sont anciennes présentent souvent un point gâchette dans les muscles masticateurs. Générateur de douleurs, crampes ou diminution de la force, il peut faire l’objet d’un traitement selon des procédes variés. Le kinésiotaping peut alors s’avérer particulièrement utile, en procurant, entre autre, un soutien durable des articulations.
Le but de cette étude randomisée sur 60 patients est d’évaluer l’efficacité de ces 2 techniques sur la douleur des dysfonctions temporo-mandibulaires. Les résultats montrent un effet antalgique des 2 méthodes avec une meilleure efficacité du kinésiotaping. Cependant, il doit être relevé que les critères d’évaluation et la méthodologie présentent de nombreux biais.
Positionnement
Cette étude permet de faire un point sur deux différentes façons de traiter un point gâchette. Les résultats ne mettent pas en évidence de différence entre les deux techniques et le thérapeute fait donc le choix d’une méthode plutôt que l’autre en fonction de ses préférences et/ou habitudes.
Cet article permet d’illustrer le principe de l’Evidence Base Practice. Le choix de la technique se base sur les données de la science, mais également en fonction de l’expérience du thérapeute et des préférences du patient. En cela, le thérapeute réalise pleinement une démarche EBP, philosophie qui nous est chère au sein de l’ITMP. C’est ainsi au travers de l’expérience du thérapeute et du vécu du patient, que l’EBP prend tout son sens.
Article original
Evaluation de l’efficacité à court terme du kinésiotaping et du traitement des points gâchettes dans les dysfonctions des muscles masticateurs
Assessment of the Short-Term Effectiveness of Kinesiotaping and Trigger Points Release Used in Functional Disorders of the Masticatory Muscles
Lietz-Kijak D, Kopacz Ł, Ardan R, Grzegocka M, Kijak E.
Pain Res Manag. 2018 May 10;2018:5464985. doi: 10.1155/2018/5464985. eCollection 2018
Pour la pratique
Le syndrome myofascial est à rechercher lorsqu’est mis en évidence un trouble de l’articulation temporo-mandibulaire.
Des pistes intéressantes dans le traitement de douleurs des muscles masticateurs.