Intérêts de la réalité virtuelle pour la rééducation précoce des arthroplasties totales de genou : un essai contrôlé randomisé
L’arthrose du genou est une atteinte fréquente avec l’âge. Elle engendre des incapacités fonctionnelles et une diminution de la qualité de vie des patients.
Sa prise en charge induit un coût sociétal important. De manière ultime, celle-ci consiste en l’arthroplastie de genou, intervention qui est, aujourd’hui, courante. Son incidence est évaluée, dans les pays occidentaux, à 150 à 200 opérations pour 100 000 habitants et, dans le monde, près de 500 000 arthroplasties sont pratiquées chaque année. S’il est admis que la rééducation postopératoire revêt un caractère particulièrement important pour la réussite de l’opération, il n’existe aucun consensus sur les modalités de sa mise en œuvre.
La question de l’intérêt que peut revêtir la réalité virtuelle se pose, alors que les effets de cette technique ont été étudiés pour les patients victimes d’un AVC et qu’elle est notamment utilisée dans diverses rééducations orthopédiques, sous la forme d’entraînements sur des appareils types Wii Fit.
Le but de cette étude en simple aveugle, portant sur 74 patients ayant bénéficié d’une arthroplastie totale de genou, est ainsi de comparer les effets de la rééducation par réalité virtuelle par rapport à ceux d’une rééducation manuelle classique, dans les premiers jours de la rééducation.
Les critères sont la douleur, le WOMAC, les scores de qualité de vie et de fonction, la force du quadriceps et des ischiojambiers, l’amplitude articulaire et la proprioception, aux 3e et 10e jours postopératoires.
Les résultats ne montrent pas de différence significative, excepté sur la proprioception. Il est à noter, à propos du WOMAC, que l’absence de mobilisations entraîne une perte d’amplitudes du genou.
Positionnement
Alors qu’aujourd’hui, de nombreux praticiens peuvent préférer le Hand off au Hand on, cette étude met en exergue l’efficacité d’un des éléments essentiels de notre pratique singulière, à savoir la rééducation manuelle. L’arrivée constante de nouvelles thérapies ne doit pas faire oublier que nous exerçons un métier où le contact humain est primordial. Celui-ci possède une composante physique, au travers d’actes de mobilisations, mais également une composante humaine. Nous accompagnons indéfectiblement ces patients sur le chemin de rééducation vers la restauration la plus complète de leur autonomie.
La question de l’intérêt des nouvelles technologies ne peut dès lors se satisfaire d’une réponse binaire. Il apparaît ainsi inapproprié de rejeter sans réserve ces dernières ou, a contrario, arguer qu’elles peuvent un jour remplacer les techniques qui constituent aujourd’hui le cœur de notre métier. À titre d’exemple, la réalité virtuelle semble avoir un impact notable sur la représentation corporelle, ce qui permet d’expliquer l’intérêt qu’elle peut présenter dans le travail de la proprioception, que ce soit en orthopédie ou en neurologie. Elle ne saurait toutefois remplacer les soins consciencieux et attentifs du masseur-kinésithérapeute.
Article original
Effects of early virtual reality-based rehabilitation in patients with total knee arthroplasty: A randomized controlled trial.
Gianola S, Stucovitz E, Castellini G, Mascali M, Vanni F, Tramacere I, Banfi G, Tornese D. Medicine (Baltimore). 2020 Feb;99(7):e19136. doi: 10.1097/MD.0000000000019136.
Pour la pratique
La réalité virtuelle est intéressante pour la prise en charge des patients ayant bénéficié d’une arthroplastie de genou, particulièrement sur la proprioception.
La rééducation virtuelle ne peut manifestement remplacer la rééducation manuelle.